Les agents de santé communautaire en première ligne contre les maladies évitables au Bénin

Au Bénin, la généralisation de la politique de santé communautaire est désormais une effectivité et porte l’espoir d’un changement qualitatif du système de santé. Au front pour relever ce défi dans les différentes communes, il y a les relais communautaires et les Agents de Santé Communautaires Qualifiés (ASCQ). Ils sont formés pour exécuter une série d’activités au nombre desquels les visites à domicile, les séances causerie, les campagnes de masse, les références en cas de maladie, le renforcement du programme élargi de vaccination (PEV), l’encouragement vers la vaccination de routine surtout les enfants zéro dose et bien d’autres. D’ailleurs la visite d’une délégation de GAVI, le premier partenaire du Bénin en matière de vaccination, a permis d’admirer de près, le travail effectué sur le terrain par ces guerriers de la santé communautaire.

Le Bénin façonne au mieux sa vision en ce qui concerne la santé communautaire en basant sa politique sur la prévention et la promotion de la santé ainsi que la mise en place d’un dispositif permanent d’alerte en milieu communautaire. Au total 1.500 relais communautaires et 37 agents de santé communautaires qualifiés ont été déployés pour la mise en œuvre de cette politique qualifiée d’ « innovante » par le gouvernement. Lors du lancement, le ministre de la santé a déclaré qu’« un relais communautaire aura à charge en moyenne 200 ménages. Il aura pour mission de visiter tous les ménages de son aire de couverture au moins une fois par semaine pour détecter les problèmes de santé, conseiller et orienter, distribuer des intrants et produits de santé et aider à la référence des cas ». Il a également souligné que « l’agent de santé communautaire supervise tous les relais communautaires de son arrondissement, traite les cas usuels, oriente et réfère vers les structures de santé pour la prise en charge des problèmes de santé ».

 

Dans le zou par exemple, la ville d’Abomey reste une championne dans le domaine. Des relais communautaires chevronnés, rompus à la tâche travaillent de jour comme de nuit pour le bien-être et l’épanouissement de la population. Face à une équipe conduite par Colette Selman, la Directrice des Programmes Prioritaires de GAVI et composée de plusieurs personnalités du monde sanitaire telles que Dr Alain Ahawo de l’alliance GAVI, Marguerite Cornu, Gestionnaire principale du programme, rougeole et rubéole, Jean Kouamé KONAN de l’OMS, Célestin Traore de l’UNICEF, Konrad Déguenon, directeur de la santé communautaire et bien d’autres, le Directeur départemental de la santé du Zou a vanté les mérites de ce programme.  Selon Dr Winnoc GOUDJO, « la politique de santé communautaire reste une aubaine, et permet d’avoir une vue globale sur ce qui se passe au sein des communautés même dans les coins les plus reculés ».

 

Définis comme étant les enfants n’ayant reçu aucune dose de vaccins contenant le DTC (Prévention conjointe de la diphtérie, du tétanos, de la coqueluche et de la poliomyélite), « les zéro dose » sont ceux qui échappent régulièrement aux services de soins de santé primaires. Pour GAVI ainsi que pour les autorités béninoises, les vacciner peut donc être bénéfique en ce sens que la vaccination sert de point d’entrée vers d’autres services sanitaires, nutritionnels et sociaux. C’est en cela que la mission des relais communautaires prend tout son sens pour la sauvegarde et la préservation de la petite enfance.

 

Réussir la vaccination de routine a toujours été un casse-tête. Mais avec les agents communautaires, c’est désormais une équation presque résolue avec l’engagement des relais communautaires. Deux communications ont permis à l’équipe mixte GAVI, OMS, UNICEF de voir comment les relais communautaires ont renversé la tendance, surtout en matière de vaccination chez les « zéro dose » et les « sous-vaccinés ». Ils constituent donc la cible privilégiée de la politique de santé communautaire.

« Depuis que nous sommes accompagnés par les relais communautaires, chez les enfants zéro dose, ce qui est réalisé, c’est 38588 alors que nous attendons 42340. Donc il nous reste 3752 à réaliser », a déclaré le directeur départemental dans sa présentation. « En ce qui concerne les sous-vaccinés, nous avons vacciné 35977, il nous reste à vacciner 6363 ».

Tour à tour, les médecins et autres responsables au niveau du programme élargi de vaccination dans la localité se sont succédés pour expliquer à la délégation, les exploits, les enjeux, mais également les difficultés qui empêchent parfois d’avancer comme il le faut. Grâce à l’aide apportée par le gouvernement et les partenaires comme GAVI, OMS et UNICEF, les relais communautaires sont outillés pour assurer la veille permanente pour des résultats probants.

Roland HOUNDETE est un relais communautaire. Il a toujours rêvé de servir les autres, d’être utile pour sa communauté. « Ce que j’aime le plus dans ce que je fais, c’est aller à la recherche des enfants perdus de vue, des zéro dose, réussir à les faire revenir dans le programme élargi de vaccination. Cela procure un sentiment de satisfaction, d’utilité. Lorsqu’il m’arrive de faire les points du nombre de mères et pères de famille que j’ai pu convaincre de l’importance de la vaccination pour les enfants, j’ai un sentiment d’accomplissement ». Ils sont nombreux à partager ce sentiment, remerciant le gouvernement béninois et les partenaires techniques et financiers pour cet investissement.

En suivant sur le terrain les relais communautaires, Colette Selman, la Directrice des Programmes Prioritaires de GAVI a été sidérée par la détermination de ces derniers et l’engouement dont font preuve les foyers visités. Elle a été surtout agréablement surprise de rencontrer sur le chemin, des enfants bien portants, au sourire joyeux.

« Il est clair que les enfants zéro dose restent une priorité. De quoi sera fait ce monde, si nous ne prenons pas soin aujourd’hui des enfants ? Ce que j’ai vu ici est encourageant. Même s’il y a encore quelques goulots d’étranglement, il est clair que nous tenons là des chiffres qui montrent que cette approche avec les relais communautaires est salutaire ».

Tout comme Abomey, la commune de Sô Ava, un village lacustre situé à près de 45 minutes de Cotonou, reste une zone de forte endémie palustre. Il y a quelques années encore, les agents vaccinateurs étaient renvoyés comme des malpropres. Ceux qui acceptaient faire vacciner leurs enfants n’étaient pas nombreux et devraient essuyer les critiques de leurs paires en cas de maladie chez leurs enfants. Mais aujourd’hui, cela semble avoir changé. La politique de santé communautaire semble avoir corrigé de nombreux préjugés. « La santé communautaire est un impératif social à Sô-Ava », renseigne Conrad Déguénon, Directeur de l’Hygiène Assainissement de Base et santé communautaire. Il souligne que « le déploiement de la politique de santé communautaire dans cette zone sanitaire se révèle être une réponse urgente et appropriée à ces enjeux majeurs ».

Pour lui, « ce dispositif permet d’améliorer la couverture vaccinale des enfants, la disponibilité et l’usage des moustiquaires imprégnées, l’hygiène et l’assainissement de base ainsi que la lutte efficace contre les épidémies depuis la préparation jusqu’à la riposte ». Avant que le gouvernement ne procède au lancement de la politique de santé communautaire le 9 juin 2023, le rapport d’analyse des zéro doses, basé sur les données administratives de 2020 à 2022, indique que plus de 100 000 enfants au Bénin n’ont pas encore été vaccinés.

Étendre les services de proximité et de vaccination, en ciblant les enfants sous-vaccinés et ceux qui n’ont reçu aucune dose a permis donc d’enclencher le processus pour garantir à chaque citoyen le droit fondamental à des soins de qualité. Rosine Ekloutché est un relais communautaire. Après avoir montré avec professionnalisme comment elle fait ses animations, elle donne ses impressions sur le programme.

« La vaccination est une bonne chose. Les parents l’ont compris maintenant et cela nous aide énormément dans le travail. Avant les gens pouvaient se liguer contre vous, mais aujourd’hui, ils n’ont aucun mal à dénoncer les parents dont les enfants ne sont pas vaccinés. Et c’est une bonne chose. C’est la preuve que le message que nous portons dans les hameaux passe auprès de nos différentes cibles ».

Du côté des parents, surtout les mères au foyer, on croise les doigts pour que le programme soit maintenu afin que les sensibilisations puissent continuer pour le bien être des ménages. Mirma Djogbénou est une revendeuse de poissons. Elle remercie Gavi et les autres partenaires pour tout ce qu’ils font pour la petite enfance. « Moi je demande aux autorités et à tous ceux qui sont venus nous voir de tout faire pour que les relais communautaires continuent dans leur noble mission. Moi qui suis ici je n’aimais pas les vaccinations. Mais quand on m’a expliqué que vacciner mes enfants les mettra à l’abri de plusieurs maladies, je n’ai pas hésité. Et même si je ne suis pas relais communautaire, je parle autour de moi au marché, au quartier pour que les mères comme moi comprennent l’enjeu ».

Il faut dire que « GAVI a investi près de 300 millions de dollars US au Bénin, contribuant à la vaccination de millions d’enfants et à une réduction significative de la mortalité infantile » selon les propos de la directrice des programmes prioritaires de Gavi. Lors de sa rencontre avec le ministre de la santé, Colette Selman a souligné également que c’est un  investissement qui a permis de soutenir la vaccination de routine et les campagnes, de renforcer les systèmes de santé, d’assurer la disponibilité des équipements de la chaine de froid et de fournir une assistance technique ». A son tour, le ministre a notifié que « le Bénin a obtenu l’approbation de GAVI pour soutenir la politique de santé communautaire : environ1400 relais communautaires seront formés. Des vélos seront acquis pour certains d’entre eux, et des barques motorisées seront fournies pour des zones lacustres, toujours grâce aux financements de GAVI ». Une bonne nouvelle qui va booster davantage sur le terrain, le travail effectué par les relais et agents de santé communautaire.

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