Au Bénin, le lancement de l’initiative First Food for Africa s’insère dans un contexte où la malnutrition infantile reste élevée. Selon l’UNICEF , le retard de croissance touche environ 32 % des enfants en Afrique de l’Ouest et du Centre, tandis que près de 80 % des enfants ne bénéficient pas d’une diversité alimentaire suffisante. Cette initiative, appuyée par l’Agence nationale de l’Alimentation et de la Nutrition (ANAN) et des outils numériques locaux, vise à renforcer les systèmes alimentaires et améliorer la nutrition en milieu rural et urbain.
Pourquoi First Food for Africa au Bénin ?
Lancée en septembre 2025, l’initiative First Food for Africa représente une réponse stratégique aux défis nutritionnels majeurs qui affectent les jeunes enfants béninois. Quatorze pays sont concernés par cette initiative qui vise à répondre au besoin pressant d’aliments nutritifs, sûrs, abordables et durables adaptés aux jeunes enfants (6- 59 mois). Il s’agit du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, la République Démocratique du Congo, le Ghana, le Nigeria et le Sénégal en Afrique occidentale et centrale ; Éthiopie, Kenya, Malawi, Rwanda, Tanzanie, Ouganda et Zambie en Afrique orientale et australe.
Une réponse locale à un fléau continental
Les chiffres révélés par l’UNICEF dressent un tableau préoccupant de la situation nutritionnelle au Bénin. en effet, on observe 32 % de retard de croissance chez les enfants en Afrique de l’Ouest et du Centre et près de 80 % des enfants ne bénéficient pas d’une diversité alimentaire suffisante. On note également des conséquences durables sur la santé physique et mentale compromettant le développement. Cette malnutrition infantile ne se limite pas à un simple problème de quantité d’aliments, mais concerne surtout la qualité nutritionnelle et la diversité des aliments consommés durant les premières années de vie.
Objectifs de l’initiative
L’initiative First Food for Africa poursuit plusieurs objectifs stratégiques pour transformer la nutrition infantile au Bénin. Il s’agit de cibler la période cruciale (6-59 mois). Cette fenêtre d’opportunité correspond au moment où l’enfant commence l’alimentation complémentaire tout en poursuivant l’allaitement maternel. Pour les experts, il est également question de promouvoir la diversification alimentaire en encourageant l’introduction progressive d’aliments locaux riches en nutriments essentiels (fer, zinc, vitamines) pour compléter l’allaitement. Et puisque les parents et les professionnels de santé se trouvent au premier rang en matière de nutrition, la nécessité de les sensibiliser sur les bonnes pratiques de préparation, de conservation et de consommation des repas pour jeunes enfants s’impose.
Le ministre d’État béninois en charge du Développement et de la Coordination de l’action gouvernementale , Abdoulaye Bio Tchané, a salué cette initiative qui s’inscrit dans la continuité des efforts déjà entrepris par le Bénin, notamment à travers le programme de supplémentation nutritionnelle des 1 000 premiers jours et les cantines scolaires. Selon lui, First Food Africa vient amplifier cette ambition. « Ce n’est pas un projet de circonstance, c’est un engagement de fond », a-t-il souligné. L’Union africaine, par la voix du Professeur Julio Facotto-Nierina, a réaffirmé l’importance d’une mobilisation collective, en lien avec les engagements de l’Agenda 2063 et la Déclaration de Malabo. « Investir dans la nutrition des enfants, c’est investir dans la première richesse de l’Afrique : son peuple », a-t-il déclaré. Quant à Gilles Fagninou, directeur régional de l’UNICEF, il a insisté sur l’importance du leadership gouvernemental et d’un partenariat solide entre agences onusiennes, États, secteur privé et société civile. Il a salué l’implication de plus de 1 000 PME africaines dans la phase pilote, ainsi que les contributions financières de pays comme les Pays-Bas, le Canada, l’Italie et l’Iran.
Acteurs et rôles
La réussite de cette initiative repose sur une collaboration étroite entre plusieurs acteurs clés. On retrouve l’UNICEF dont la mission est le pilotage stratégique de l’initiative, l’apport d’expertise technique et le plaidoyer pour une alimentation saine. Au niveau local, on retrouve l’Agence nationale de l’Alimentation et de la Nutrition (ANAN). Créée en 2023, cette institution gouvernementale garantit la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Bénin en promouvant une alimentation saine et en améliorant l’état nutritionnel de la population. Dans des positions non moins négligeables, il y a les ONG locales qui s’occuperont de la mise en œuvre communautaire, la formation des mères, les démonstrations culinaires et le suivi de proximité. Et comme le monde est purement numérique aujourd’hui, il y a les Plateformes digitales qui vont travailler à faciliter l’accès aux informations sur les ressources alimentaires locales tout en encouragent une alimentation diversifiée.
Valoriser les aliments locaux et les systèmes alimentaires
La promotion des aliments locaux constitue le cœur de l’initiative First Food for Africa. Cette approche permet non seulement d’améliorer la nutrition infantile, mais aussi de renforcer l’économie locale et la souveraineté alimentaire du Bénin. Le pays dispose d’une richesse alimentaire souvent sous-exploitée. La plateforme Local Food Africa (2025) joue un rôle essentiel en fournissant des données sur les aliments riches en nutriments disponibles dans différentes zones agroécologiques. Pour garantir la disponibilité et l’accessibilité des aliments nutritifs, l’initiative prévoit plusieurs interventions ciblées. Il y a la formation des producteurs, la diversification des cultures, la création de circuits courts entre producteurs ruraux et consommateurs urbains et l’aménagement des espaces dédiés aux produits nutritifs locaux dans les marchés de Cotonou, Porto-Novo et autres villes.
Partenariats, financement et pérennité
La durabilité de l’initiative First Food for Africa repose sur des mécanismes de financement diversifiés et une intégration solide aux politiques nationales. D’ailleurs à l’issue de la Table ronde dédiée au projet de supplémentation nutritionnelle des 1000 premiers jours qui a succédé à la conférence internationale sur la nutrition, le gouvernement a annoncé qu’en termes de promesses de financement, ce sont plutôt 252,8 milliards de FCFA qui ont été enregistrées.
Au cours de cette table ronde, Benjamin Hounkpatin, ministre de la Santé, a annoncé que plus de 840 000 enfants béninois de moins de cinq ans souffrent de retard de croissance avec des conséquences graves. « Ce retard entraîne une altération du développement cérébral, un déficit d’apprentissage, un affaiblissement du système immunitaire et une vulnérabilité accrue aux maladies chroniques», a-t-il rappelé. C’est pour corriger ce tableau sombre que le Projet de supplémentation nutritionnelle des 1000 premiers jours a été conçu. Selon Alain Hinkati, directeur général de l’Agence nationale pour l’alimentation et la nutrition, ce projet vise à renforcer les interventions nutritionnelles à fort impact, à élargir la couverture géographique du programme, et à assurer une mise en œuvre efficace et durable des actions prévues sur le terrain. Grâce aux fonds mobilisés, ces objectifs pourront désormais être atteints à une échelle beaucoup plus ambitieuse.
📚 Pour en savoir davantage
- UNICEF (2023) – Communiqué « Faire de l’équilibre alimentaire une réalité pour chaque enfant en Afrique de l’Ouest et du Centre »
- Wikipedia (2025) – Agence nationale de l’alimentation et de la nutrition (ANAN)
- Local Food Africa (2025) – Base de données alimentaires locales
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Ces informations complètent mais ne remplacent pas les consultations nutritionnelles individualisées. Pour toute préoccupation spécifique concernant la croissance ou l’alimentation de votre enfant, consultez un professionnel de santé.




