Quinze ans après la disparition de Urbain Pierre Dangnivo, ancien cadre du ministère des Finances, l’affaire se retrouve à nouveau devant le tribunal. Depuis ce mardi 11 mars 2025, le dossier s’est ouvert devant le tribunal de première instance de première classe de Cotonou. Ce procès doit permettre d’établir les responsabilités et permettre à la famille en quête de réponses de pouvoir avancer car selon plusieurs proches, la vie s’est arrêtée depuis 2010.
A peine ouvert que le dossier livre des informations les plus surprenantes que les autres. Deux accusés comparaissent dans cette session criminelle. Il s’agit de Codjo Cossi Alofa, présenté comme un féticheur et principal suspect, ainsi que Donatien Amoussou, poursuivi pour complicité. Ils sont jugés pour assassinat et complicité d’assassinat. Ce n’est donc pas la première fois que l’affaire se retrouve devant la justice.
Lors des audiences de 2015 et 2016, Codjo Cossi Alofa avait reconnu les faits qui lui sont reprochés, affirmant avoir tué Urbain Pierre Dangnivo. Mais contre toute attente, il se rétracta lors de l’audience de 2018, niant toute implication. Ses avocats brandissent un argument tout trouvé : le mis en cause serait placé en garde à vue à l’époque des faits. N’ayant donc pas le don d’ubiquité, il lui serait impossible de se retrouver à deux endroits au même moment, insistent ses conseils.
Une audience sous haute tension
Mardi, en dehors des déballages surprenants faits par le sieur Alofa, il est à noter des échanges houleux entre la partie civile et Donatien Amoussou. L’ex-militaire, impliqué dans cette affaire aux côtés de Codjo Cossi Alofa, a été soumis à une série de questions sur son rôle présumé dans les événements ayant conduit à la disparition de l’ancien cadre du ministère des Finances. Pressé par la partie civile sur les 500.000 FCFA qu’il aurait reçus de plusieurs sources, Amoussou a répondu sans détour : « L’argent ne sent pas mauvais. J’étais détenu, je manquais d’argent… Mais si c’était de l’argent pour un crime, je ne pouvais pas le prendre». Cette déclaration a immédiatement suscité des réactions dans la salle d’audience, mettant en lumière sa moralité et le rôle qu’il aurait pu jouer dans cette affaire.
Incohérences et ambiguïtés dans les déclarations
Alors que l’audience se poursuit, les éléments révélés jusqu’ici soulignent les nombreuses incohérences dans les versions des accusés et la complexité de cette affaire aux ramifications troublantes. L’implication supposée de hauts responsables, les manipulations autour du téléphone portable et les zones d’ombre sur la commission d’enquête posent de nombreuses questions sur les véritables dessous de cette affaire.
Le tribunal parviendra-t-il à démêler le faux du vrai et à rendre justice dans l’affaire Dangnivo ? Bien malin qui pourra répondre à cette question car chaque jour apporte son lot de surprises et de contradiction dans cette affaire. En deux jours, les accusés ont éclaboussé dans leurs déclarations, de nombreuses personnalités. Le tribunal a la lourde charge de démêler ce nœud gordien afin de permettre aux proches de Urbain Pierre Dangnivo de faire leur deuil.


