La diaspora africaine est composée de femmes et d’hommes compétents qui tracent leur chemin et qui à travers leur parcours, font la fierté de leur pays d’origine. La majorité sont dans l’ombre mais brillent de mille feux. C’est pour cela que Radio Afrique Santé a décidé de braquer les projecteurs sur ces Africains avec d’énormes potentialités à travers l’émission Talents de la Diaspora. C’est également une tribune destinée aux afro descendants en quête d’identité et de spiritualité. Au nombre de ces Talents de la diaspora africaine, il y a Mexianu MEDENOU. C’est un acteur, un comédien, une voix off. Il est talentueux et a plutôt beaucoup de choses à dire dans le secteur qu’il a embrassé depuis Bientôt 15 ans. Dans cette interview palpitante, Radio Afrique Santé vous propose d’aller à la découverte d’un acteur pluridimensionnel.
Radio Afrique santé : Bonjour monsieur. Vous êtes un acteur franco-béninois, Pouvez-vous vous présentez à nos auditeurs ?
Mexianu MEDENOU: Mon prénom est un prénom Fon qui se prononce « Min xi a nu » ou si vous voulez Min sixu xi a nu hwesivɔ tɔn mɛvo qui veut dire « Qui peut briller sans son soleil. Tant que ton soleil brille tu brilleras ». C’est comme ça je l’interprète. Elle est comme une parole réconfortante pour me dire que tant que mon soleil brille ça ira et quand ça ne va pas, ce n’est pas bien grave. Le soleil reviendra toujours, après la pluie, c’est le beau temps, ton soleil brillera toujours. C’est un beau prénom que mes parents m’ont donné et je suis fier de le porter et d’hériter de ce prénom qui est purement béninois. Je vis en région parisienne en France et je suis né à Corbeil-Essonnes en 1991 de parents Béninois. Mon père est originaire de Ouèdèmin et ma mère de Savalou dans le département des collines.
Cliquez ici pour écouter l’interview de Mexianu MEDENOU, Talent de la diaspora
Radio Afrique Santé: Vous faites partie des Béninois de la diaspora qui excellent dans leur domaine de compétences. Parlez- nous de votre activité à vous
Mexianu MEDENOU: Alors moi j’exerce le métier d’acteur, de comédien depuis 2011. J’ai eu un Bac Es option théâtre en facultatif au lycée de Robert Doisneau à Corbeil Essonnes. Et suite à cela, j’ai intégré le conservatoire d’arrondissement du 19ème à Paris. Il s’agit du conservatoire Jacques Ibert en même temps que la Fac où je suivais des études théâtrales, l’art du spectacle à la Sorbonne Nouvelle, à Paris 3 . J’ai fait ça pendant un an et demi puis j’ai intégré l’Ecole Départementale de théâtre à Corbeil Essonnes. C’est une une école d’art qui est professionnalisante. Puis j’ai fait ça en deux ans et à l’issue de cette formation j’ai tenté les concours des grandes écoles et j’ai réussi à rentrer l’école du Professionnalisme à Strasbourg et j’ai échoué au deuxième tour du conservatoire national de Paris mais j’étais très heureux d’arriver à Strasbourg cela me permettait de changer d’air et de débarquer dans une nouvelle ville . Et donc j’ai suivi une formation en trois ans au théâtre national de Strasbourg sous la direction de Julie Brochen et à l’issue de ces trois années Julie Brochen m’a donné le rôle éponyme de Don Juan pendant ma fin de troisième année. J’ai joué ce rôle en 2011 et donc j’ai fait la tournée avec elle. C’était ma première expérience professionnelle dans le rôle de Don Juan de Molière. C’était inattendu parce que j’étais jeune. Je n’avais 23 ans et déjà un rôle titre dans un théâtre national. Pour moi, c’était vraiment quelque chose d’extraordinaire.

Radio Afrique Santé: Ce rôle a certainement donné un coup d’accélérateur à votre carrière professionnelle en tant qu’acteur et comédien.
Mexianu MEDENOU: J’ai participé à divers projets allant du théâtre au court métrage et au long métrage. En 2023, j’ai joué à Avignon dans la cour d’honneur du Palais des papes. Rires….. C’est la plus grande scène . C’est carrément la ligue des champions si on peut parler ainsi. C’était dans un spectacle de Julie Deliquet d’après le documentaire de Frédérick Wiseman qui s’appelle Welfare. C’était donc une adaptation de ce documentaire. On l’a joué dans la cour d’honneur en ouverture du festival d’Avignon en 2023 . Ensuite j’ai enchaîné avec ce spectacle au Théâtre national populaire de Villeurbanne dans Grand-peur et misère du IIIe Reich de Berthold Brecht dans une mise en scène de Julie Duclos. On a terminé une session de 24 dates au Théâtre national de l’Odéon à Paris et on poursuit le reste de notre tournée. Du coup on est actuellement à Villeurbanne et on se rendra prochainement à l’île pour terminer la tournée au Théâtre du nord. En matière de cinéma, j’ai travaillé avec Frédéric Tellier dans Goliath, avec Thomas N’Gijol dans Fast Life. J’ai également joué dans une série titrée Barron noir dans la saison 3 avec Canal+ . J’ai joué aussi dans des court-métrages. J’ai fait un court métrage avec un réalisateur australien grec qui s’appelle Sotiris Dounoukos. Le film a nom Un seul corps et il a fait partie des 50 courts métrages prénommés au César cette année. Il y a eu également Après l’Aurore de Yohann Kouam.

Radio Afrique Santé: On sent dans vos réponses, une passion débordante pour la scène. Est ce facile d’être un homme de théâtre ?
Mexianu MEDENOU: Moi je pense que chaque métier a ses défis et en tant qu’artiste nous sommes notre propre instrument. On utilise notre voix, notre corps et nos émotions. On met du cœur à l’ouvrage . Donc ça nécessite de pouvoir accepter de se montrer vulnérable, d’accepter d’être parfois mis à nu en se montrant sous son véritable jour avec les fragilités, les faiblesses, tout ce qui nous est intrinsèque. Cela peut être une difficulté mais bon comme c’est un métier qui passionne, il faut dire que l’amour pour ce qu’on fait, rend surmontable ces moments de doutes , de difficultés. Je ne dirai pas que c’est difficile d’être un homme de théâtre. Non, ce n’est pas difficile en ce sens que je fais ce dont j’ai toujours rêvé. J’ai toujours voulu depuis ma tendre enfance devenir acteur. Et aujourd’hui où je réalise ce rêve, pour moi, ce n’est que du pur bonheur. Donc tout ce qui se présente comme obstacles, je les minimise du moment où je réalise mon petit rêve, ma petite passion. Je vois les choses sous un prisme différent. Au cours d’une carrière, on doit forcément avoir des hauts et des bas. Dans notre métier, ils se présentent sous différentes formes. Vous pouvez faire face à des dures critiques venant de la part des journalistes, mais cela ne doit pas vous décourager. Au contraire, il faut puiser dans ces difficultés, la force d’aller de l’avant. Donc ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort . En gros, je dirai que non, ce n’est pas difficile pour moi d’être un homme de théâtre à partir du moment où j’ai choisi de l’être.

Radio Afrique Santé: On voit le charisme dont vous faites preuve dans chaque rôle interprété. Comment vous est née la passion pour le théâtre?
Mexianu MEDENOU: En fait je voulais être un acteur tout court avant que mes pas ne me conduisent vers le théâtre. Ce n’est que mon rêve d’enfant. Je pensais d’abord qu’il fallait que je passe par le théâtre dans un premier temps pour apprendre le métier avant d’aller vers le cinéma et finalement le théâtre est devenu mon métier principal. J’ai eu beaucoup plus d’opportunités au théâtre qui se sont concrétisés que dans le cinéma, mais je ne lâcherai pas. Quand j’étais petit, je regardais beaucoup Arnold et Willy avec mes frères et sœurs , le prince de Bel air avec Will Smith. J’ai été inspiré par des acteurs comme Denzel Washington, Morgan Freeman et Eddy Murphy , Samuel Lee Jackson, Meryl Streep, Leonardo DiCaprio, etc qui sont des acteurs américains. Ils m’ont beaucoup influencé . Moi je suis né à la fin des années 90 donc j’ai grandi pendant les années 2000. J’ai grandi biberonné à la sauce américaine en matière de films. Après je reste un grand fan de Louis de Funès, fan de ses mimiques qui me font rire. Et il faut dire qu’enfant, j’étais un garçon très introverti, timide et le seul endroit où je pouvais me permettre d’être moi, où je pouvais exister tel que j’étais avec mes qualités et mes défauts, c’était au théâtre, c’était quand on jouait dans la cour de récréation ,etc . Donc ma passion pour les arts de la scène est née de cette façon. Je me sentais et je me sens toujours à ma place. C’est important de trouver sa place. Mais il faut dire qu’avant tout ça, mon rêve était d’être un astronaute, mais ma santé ne me le permettait pas. Je suis drépanocytaire, une maladie génétique que vous devez bien connaître au Bénin puisqu’on est nombreux à être soit porteur de cette maladie soit l’avoir entièrement. Cette maladie ne me permettait pas de réaliser mon rêve d’aller dans l’espace. Donc j’ai très vite décider de changer de cap.
Radio Afrique Santé: En plus du théâtre, avez-vous d’autres cordes à votre arc?
Mexianu MEDENOU: Bah oui, Je pense que je ne vais pas répondre à la question ….. Rires…. Mais bon en plus du théâtre, je fais des doublages, je fais des voix pour les musées , je fais des voix pour des fictions radiophoniques. Non en dehors du métier d’acteur, je ne fais rien d’autre qui ne soit intrinsèquement lié à ce secteur là, quand bien même je sais que j’ai la capacité de tout faire avec des formations je peux faire autre chose. Je pourrais enseigner et transmettre ce que j’ai appris. Voilà quelque chose qui me parle. Donner à d’autres, la chance que j’ai eue un jour. Ça c’est quelque chose que je pourrais faire.
Radio Afrique Santé: Quelles sont vos ambitions si ce n’est pas un secret bien sûr
Mexianu MEDENOU: J’ai de nombreuses ambitions que je considère personnelles. Du coup je ne pourrai pas vous les partager. C’est quelque chose de très secret et personnel. Mais je peux vous dire que je vais travailler davantage dans l’audiovisuel, je veux précisément parler du cinéma, décrocher des rôles dans des séries, pourquoi pas un rôle à plein temps. J’y tiens. J’ai des envies d’écrire, de réaliser que ce soit des fictions dramatiques, des documentaires . Ce sont autant de rêves que j’entend réaliser. Pour ce qui est de mes ambitions personnelles, permettez que j’en fasse mon petit secret personnel.
Radio Afrique Santé: Merci Mexianu MEDENOU d’avoir accepté cet entretien. Quel est votre mot de fin?
Mexianu MEDENOU: Tout d’abord je voudrais vous remercier , remercier l’initiative de mettre en lumière la diaspora béninoise en France et ailleurs. Merci de m’avoir accordé quelques minutes pour partager avec les auditeurs et les lecteurs ma passion pour le théâtre, le cinéma. Je voudrais en profiter pour faire la passe à deux actrices béninoises avec qui j’ai travaillé sur le court métrage Après l’aurore de Yohann Kouam. Il s’agit de Mawena Takpa et Chloé Lecerf qui sont également issues de la diaspora béninoise. Je voulais vous dire aussi « awanou tahoun » merci beaucoup de m’avoir proposé cet entretien.

